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25 avril 2012 3 25 /04 /avril /2012 21:22

Au-delà du sempiternel débat entre drogues dures et drogues douces, des chercheurs norvégiens viennent de montrer que la prise à petites doses de LSD (acide lysergique diéthylamide), un psychotrope hallucinogène puissant, permettrait de venir en aide aux personnes dépendantes à l’alcool en les sevrant. C’est ce que révèle une étude qui vient d’être publiée dans le Journal of Psychopharmacology.

 

http://www.informationhospitaliere.com/fichiers/jpg/8f11da375c276443db0d98ccb91c9b45.JPG

 

Véritable problème de société et de santé, la consommation d’alcool en France est un phénomène culturel qui toucherait plus de 5 millions de personnes. Avec, chaque année, plus de 45 000 décès liés directement ou indirectement à la prise de boissons alcoolisées, l’alcoolisme est la seconde cause de mortalité évitable. Afin d’enrayer ce fléau et de venir en aide aux personnes dépendantes à l’alcool, de nombreux travaux de recherche sont en cours et certains spécialistes y vont de leurs recettes miracles. Dernièrement, un myorelaxant, le Baclofène, aurait permis à certains alcooliques de devenir sobre. C’est en tout cas ce qu’affirme le cardiologue Olivier Ameisen qui a cessé de boire après avoir pris ce médicament. Toutefois, cette approche fait polémique au sein même de la communauté scientifique. 

 

La méthode découverte par Teri Krebs et Pal-Orjan Johansen, deux chercheurs de la Norwegian University of Science and Technology (NTNU) et de la Harvard Medical School, devrait faire autant de bruit, si ce n’est plus. En effet, ces derniers ont montré que, pris à petite dose, le LSD pourrait permettre de sevrer des personnes atteintes de dépendance à l'alcool. C’est ce qui ressort de l’article qui vient d’être publié dans le Journal of Psychopharmacology, une méta-analyse de six études menées il y a une quarantaine d’années dans les communautés hippies. 

Si, lors de sa découverte en 1938, le psychotrope LSD a suscité de nombreux espoirs dans l’univers scientifique et médical, les chercheurs se sont très vite rendu compte de ses effets néfastes sur la santé. Dès lors, ce dernier est devenu un produit illicite. Les travaux de Teri Krebs et Pal-Orjan Johansen ont montré que 59 % des patients alcooliques prenant des doses individuelles de LSD ont vu leur consommation de boissons alcoolisées se réduire considérablement en moins d’un mois. D’après les chercheurs, le meilleur moyen d’arrêter de boire est de modifier l’image que l’on a de soi, ce à quoi le LSD pourrait aider. 

 

Si la méthode a porté ses fruits, Teri Krebs et Pal-Orjan Johansen estiment toutefois qu’il faut rester prudent, car on ne connaît pas les conséquences d’un tel traitement sur le long terme... Pour l’instant, aucun essai clinique à base de LSD n’est en vue…

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25 avril 2012 3 25 /04 /avril /2012 21:16

 

Le LSD fut synthétisé pour la première fois par Albert Hoffman à Bâle en 1938 alors qu’il travaillait pour les Laboratoires Sandoz. Quelques années plus tard, au cours d’une réévaluation du composant, il en ingère accidentellement une petite quantité et décrit le premier «trip». Pendant les années 1950 et 1960, Sandoz a analysé la drogue à des fins thérapeutiques et l’a mise sur le marché sous le nom de Delysid®. Elle fut utilisée pour la recherche sur les origines chimiques des maladies mentales. L’usage récréatif a commencé dans les années 1960, et est souvent associé à la « période psychédélique ».

 

Les effets physiques (pupilles dilatées, légère hypertension et température corporelle parfois élevée) apparaissent en premier. Des modifications des sensations et de la perception sont les caractéristiques essentielles du LSD. Des troubles visuels sont perçus, que les yeux soient fermés ou ouverts, et peuvent consister en des figures géométriques ou des motifs. On voit des flashes de couleur intense et des objets stables peuvent sembler bouger et se dissoudre. Une confusion des sens (synesthésie) telle que «l’écoute de couleurs» peut se produire lorsque des sons tels que des voix ou de la musique évoquent des couleurs ou des formes particulières. La perception du temps peut sembler allongée.

 

http://www.emcdda.europa.eu/imglib/Drugprofiles/LSDmolecular.gifLe mode d’action du LSD n’est pas bien compris. On pense qu’il interagit avec le système sérotoninergique en se liant avec et en activant le récepteur 5–hydroxytriptamine du sous-type 2 (5-HT2) qui interfère avec les systèmes inhibiteurs, ce qui entraîne des troubles de la perception. Il fait partie des drogues connues les plus puissantes qui soient, étant actif à des doses d’environ 20 microgrammes. Aujourd’hui, les doses usuelles vont de 20 à 80 microgrammes même si dans le passé des doses aussi fortes que 300 microgrammes étaient courantes. Comme pour les autres hallucinogènes, le LSD n’engendre aucune dépendance.

 

Lorsque le LSD est pris oralement, ses effets apparaissent dans les 30 minutes qui suivent et peuvent se prolonger pendant 8 à 12 heures, voire plus. La durée et l’intensité des effets dépendent de la dose. La demie-vie du plasma est d’environ deux heures et demie. Après une dose de 160 microgrammes donnée à 13 sujets, les concentrations de plasma variaient énormément, jusqu’à 9 microgrammes/L. Chez l’homme, le LSD est transformé de manière importante dans le foie par hydroxylation et conjugaison de glucuronide en métabolites inactifs. En 24 heures, seulement 1% en est excrété de manière identique dans l’urine. Le 2-oxylysergide est un métabolite majeur trouvé dans l’urine.

 

Certaines crises d’angoisse («bad trips») peuvent être tellement sévères qu’elles nécessitent une aide médicale. Les patients sont généralement rétablis en quelques heures mais les hallucinations peuvent occasionnellement durer jusqu’à 48 heures et les états psychotiques pendant 3-4 jours. Les effets sont influencés de façon importante par le l’état mental de l’individu et l’environnement dans lequel la drogue est prise. Des troubles sensoriels connus sous le nom de «flashbacks» se produisent parfois. Les effets secondaires graves qui sont souvent attribués au LSD, tels que des actes irrationnels menant au suicide ou des morts accidentelles, sont extrêmement rares. Les cas de décès dû à une overdose de LSD sont quasiment inexistants

 

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25 avril 2012 3 25 /04 /avril /2012 20:53
http://blog.freshjive.com/wp-content/uploads/2011/02/LSD-Albert-Hofmann7jan06.jpgAlbert Hofmann a fêté ses 90 ans en janvier 1996. Le chimiste suisse, trois ans plus tôt,célébrait les 50 ans de son enfant terrible, le Lysersaure diethylamid -- l'acide lysergique diéthylamide. A l'époque, les journalistes n'arrêtaient pas de lui téléphoner dans sa villa suisse. Il en avait un peu marre. Il n'aura le temps de nous dire:
" J'espère seulement que le LSD, inventé comme médicament, sera un jour vraiment utilisé comme médicament. "


Ancêtre du Lysergsaure diethylamid : l'ergot de seigne (Claviceps purpurea), un parasite de couleur mauve, utilisé comme médicalement depuis plus de quatre cent ans. Petite Retro. Du moyen age aux expériences de Timothy Leary.
Jusqu'au XVII ème, nombreuses crises délirantes provoquées par l'absorption de l'ergot contenu dans le pain de seigle. A l'époque, Saint Antoine est le saint Patron des "ergotiques".
1582 : première exploitation médicale de l'ergot de seigle, mentionnée par le Dr Adam Lonitzer de Francfort. Utilisée comme antalgique par les sages femmes.
Début XIX ème: premiers travaux pour isoler les alcaloïdes, les principes actifs de l'ergot.
1907 : isolation de l'ergotoxine, une des alcaloïdes du parasite, par les anglais Barger et Carr. Découverte de son effet inhibiteur sur l'adrénaline.
1908 : l'ergot reconnu par la médecine traditionnelle pour une utilisation post-natale.
1917-18 : premières recherches chez Sandoz par le Pr Arthur Stoll, futur patron d'Hofmann. Isolation de l'ergotamine: première molécule pure extraite de l'ergot. Recommandée contre les migraines, sous le nom de Gynergen.
1920 : Naissance, dans une famile américano - irlandaise catho, de Timothy Leary, à Spingfield, Massachussets. Père dentiste, ancien militaire, et mère instituteur.
1930 : Recherches poussées en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Jacobs et Craig, du Rockfeller Institut de New-York, isolent la famille chimique commune aux alcaloïdes de l'ergot: l'acide lysergique.
1935 : Hofmann, chez Sandoz depuis cinq ans, reprend les travaux de Stoll sur les dérivés de l'ergot.
1938 : naissance du LSD-25, 25ème substance issue de l'acide lysergique, en le couplant avec du diéthylamide. Premiers tests sur les animaux. Pas d'intérêt médical, estiment les chefs de Sandoz. Hofmann suspend ses recherches sur le LSD-25.
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/a/af/LSD-2D,_3D.png/280px-LSD-2D,_3D.png1943 : retour de Hofmann sur le LSD, persuadé qu'il n'en a pas tiré tous les effets. Le 16 avril, nouvelle purification de l'acide. Premiers vertiges. Le lundi 19, il décide de s'administrer une dose de 0,25 mg dans 10 cc d'eau. Premier trip sous LSD, à vélo durant 4 miles. D'où le fameux Bicycle Ride.
La même année, Leary obtient un diplome de psychologie à l'université d'Alabama, après avoir étéviré de l'académie West Point pour des problèmes d'alcoolisme. Il part ensuite faire la guerre.
1947 : débuts des expériences psychiatriques sur l'homme à Zurich, par Werner et Stoll Jr. Sandoz sort son Delysid R, ampoules de LSD vendues en pharmacie. Tests sur les sujets sains et schizophrènes. Doses: de 0,02 à 0,13 mg. Effet caractérisé comme un "phantasticum".
1949 : arrivée du Delysid aux USA. Premières psychothérapies sous LSD: psychédélique aux USA (hautes doses, 0,3 - 0,6 mg), psycholytique en Europe (moyenne dose). Utilisé comme moyen d'expression (névroses) ou comme antalgique sur des cancereux en phase terminale.
1957 : Leary, après des recherches en Californie, se fera remarquer à Harvard par un de ses premiers écrits sur le "diagnostic interpersonnel" de la personnalité.
1960 : Leary se paye un voyage au Mexique et goûte aux délices des psilocybe, les magic mushrooms qui lui feront découvrir ce qu'il appèlera le "Niagara sensoriel".
1961-63 : Leary est en poste à Harvard depuis 1959. Sous son impulsion, le LSD devient, avec la mescaline (décrite par Huxley dans Doors of Perceptions) et diverses plantes psychés, le centre des psychothérapie interpersonnelles, ou le patient et le malade trouve une "osmose hallucinatoire et rédemptrice" (je cite de mémoire les héritiers du mouvement d'aujourd'hui). Il est viré de la fac en 1963.
1965 : devant la vague "LSD = débauche = drogue", après les remous de Harvard, Sandoz stoppe la production du Delysid. Hoffman en veut encore à Leary d'avoir un peu "dépassé les bornes." La même année, l'ancien gourou de Harvard se fait arrêter en possession de marijuana.http://blog.slate.fr/chasseur-d-etrange/files/2010/03/Hofmann_blotter.jpg
1969 : l'ONU interdit l'usage du LSD dans sa Convention sur les psychotropes.
1970 : Leary doit fuir les USA (Alger, Afghanistan) après avoir épuisé tous ses appels en justice. Il se fera coincer par la DEA en Afghanistan en 73.
1973-76 : Leary passe 3 ans dans la prison de Folsom, une des plus dures de Californie. Il vivra ensuite à Los Angeles, puis à Beverly Hills, d'où il nous a écrit une lettre charmante en février 1994. Il terminera d'ailleurs sa vie là-bas, imprégnié ses dernières années par la cyberculture, dans laquelle il voyait un autre refuge ultime pour l'accomplissement du "moi" sans contrôle extérieur.
1985 : la Suisse autorise six psychiatres à relancer la thérapie psycholytique. Organisations de trips officiels pour soigner l'anorexie et l'état dépressif.
1991 : aux States, retour psychédélique. La FDA accepte un protocole d'essais cliniques déposé par le Dr Albert Kurland de Baltimore. Pour traiter le comportement addictif.
1993 : en Suisse, ils ne sont plus que trois à pouvoir prescrire le LSD. L'autorisation fédérale a expireé en octobre. L'équipe de Baltimore devait débuter ses tests sur 60 personnes : 0,1 à 0,4 mg, 20 heures de préparation, cinq sessions. Mais les autorités locales (Maryland) ont refusé de poursuivre les recherches.
1994 : Parait Chaos and Cyberculure, dernier ouvrage de Leary (édité en France par les éditions du Lézard).
1996 : Leary meurt le 31 mai. Albert Hofmann a maintenant une fondation, dans laquelle se regroupe la fine fleur des psychiatres et des cliniciens qui se battent pour redonner aux études psychédéliques sur l'homme une nouvelle jeunesse : MDMA (ecstasy) comme anti-douleur et anti-stress pour les cancers en phase terminale, la marijuana comme anti-nausées et pour vaincre le waisting syndrom des malades du sida, le LSD pour réduire la dépendance narcotique, mais aussi la kétamine, la psilocybine, le DMT, l'ibogaine, etc...
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